Les perspectives de l’année 2019, 30 tendances
Quelles seront les principales mesures pour 2019 ? Cette question me paraît essentielle. L'année 2018 touche à sa fin. Quel bilan peut-on tirer ? Je n’aborderai pas ce sujet, beaucoup le feront mieux qui moi. Je voulais traiter des perspectives 2019 or LinkedIn a rédigé un article très intéressant concernant les tendances, en 2019.
C’est vrai, j’aime bien ce réseau même s’il est loin d’être parfait. Linkedin est monté en puissance par sa richesse fonctionnelle et la qualité des échanges. Si vous êtes en recherche de visibilité, offre d'emplois, responsables commerciaux ou marketing/communication, ou encore consultants, vous pourrez développer et d’entretenir votre réseau de contacts professionnels.
Si vous avez un texte à poster, LinkedIn fera apparaître votre message non pas au monde entier, c’est faux, mais à votre réseau dans un premier temps.
Ce réseau demeure la meilleure façon de contrôler son image sur le web. Le profil LinkedIn remonte en général dans les premiers résultats sur Google. Se faire passer pour quelqu’un d’exceptionnel ne fera pas de vous un génie. Les groupes de LinkedIn sont une excellente façon de partager des informations avec des personnes aux intérêts similaires, mais il ne sert à rien d’essayer de vendre un service ou un produit par ce biais. À moins de croire au Père Noël !
Je suis heureuse de vous partager l’excellent article d’Isabelle Roughol, Grand reporter à LinkedIn, le réseau professionnel auquel en tant que journaliste indépendante et rédactrice j’appartiens. Vous l’aurez compris.
1. Vers un nouveau pacte social?
Et si la crise des "gilets jaunes" était l’occasion de repenser notre modèle social? C’est en substance le point de vue du prix Nobel d’économie Jean Tirole, pour qui la contestation illustre une "crise profonde de notre démocratie". Symptôme le plus frappant: les "gilets jaunes" dénoncent des impôts trop élevés et trop inégalitaires, tout en étant très attachés aux services publics et au système de protection sociale. Jean Tirole invite le gouvernement à faire preuve de davantage de transparence quant à l’utilisation des prélèvements obligatoires. Le Premier ministre a aussi annoncé un débat sur le référendum d'initiative citoyenne: "un bon instrument dans une démocratie, mais pas sur n'importe quel sujet ni dans n'importe quelles conditions", a-t-il précisé dans Les Échos. C'est d'ailleurs un système couramment utilisé en Suisse, où les citoyens prennent part à la construction législative et réglementaire du pays, via des votations d’initiative populaire.
2. Le prélèvement à la source arrive
Avec la mise en place du prélèvement à la source au 1er janvier 2019, la France s’aligne sur la quasi-totalité des pays occidentaux. Concrètement, l’impôt sur le revenu sera désormais prélevé chaque mois sur votre salaire (ou pension de retraite) en fonction d’un taux calculé par l’administration fiscale sur vos ressources de 2017. Votre taux d’imposition sera actualisé en août 2019, grâce à une nouvelle déclaration remplie au printemps, d’après vos revenus perçus en 2018. Il s’appliquera dès le mois de septembre jusqu’en août 2020. En cas de trop-perçu ou de reliquat à payer, votre situation sera régularisée sur les 3 derniers mois de l’année en cours. Autre nouveauté fiscale, qui pourrait cette fois avoir un effet direct sur votre pouvoir d’achat: la possible suppression dès 2019 de la taxe d’habitation. Vous avez effectué des heures supplémentaires? Reçu une prime exceptionnelle? Ces revenus seront enfin exonérés d’impôts.
3. Brexit, élections, Italie: l’avenir de l’Europe se joue en 2019
“2019 est une année charnière pour déterminer si l'Europe peut encore avancer, ou si elle est vouée à rester encalminée, subissant impuissante l'influence des grandes puissances des États-Unis et de la Chine”, nous a confié Frédéric Oudéa, DG de la Société Générale. Les échéances à risque sont nombreuses. D’abord, le 31 décembre, le Parlement italien doit valider le budget du pays après un bras de fer tendu avec la Commission européenne. Le 29 mars, c’est le Brexit qui devrait être officiellement entériné. "Reste à savoir si les négociations auront abouti, notamment sur le front commercial”, explique Stéphanie Villers, économiste chez Humanis. Toutes les options sont encore possibles: entre le deal de Theresa May, un changement de gouvernement, un second référendum, une sortie de l’union en mode “no deal” ou même un retour en arrière! Vont suivre les élections européennes les 23 et 26 mai 2019. “Nous avons vu le nationalisme croître en Europe avec le vote du Brexit ou la victoire de Viktor Orbán en Hongrie. Nous ne l’avons pas encore vu jusqu’au sommet des institutions européennes. Cela va changer en 2019”, avertit le politologue Ian Bremmer. Et ce, alors que le couple franco-allemand est affaibli par ses situations politiques nationales. Pas de quoi rassurer les investisseurs, qui pourraient bien bouder la zone euro.
4. Un nouveau mouvement social: Occupy Silicon Valley
“La colère des progressistes, auparavant dirigée contre Wall Street, menace désormais les entreprises de la Silicon Valley”, remarque Glenn Kelman, PDG de Redfin, entreprise mêlant tech et immobilier à Seattle. Il prédit un mouvement de colère contre la Silicon Valley dans la lignée du mouvement Occupy qui avait touché Wall Street en 2011. “Alors que les dirigeants des entreprises technologiques étaient auparavant acclamés comme les visionnaires d’un Nouveau Monde de progrès, bien éloignés des banquiers et autres ploutocrates, nous sommes maintenant enlisés dans des débats concernant la fiscalité, l’immobilier et l’accessibilité financière.” Tout le monde ne campera pas devant les tours de bureaux de Californie, mais beaucoup de consommateurs refuseront de participer au modèle économique de ces entreprises, notamment en supprimant leurs comptes. Les entreprises du secteur n’y sont pas aveugles ou hermétiques. Rachel Botsman, intellectuelle britannique spécialiste de la question de la confiance en économie, voit poindre un changement dans les mentalités du secteur, où éthique et déontologie deviennent plus importantes que l’hypercroissance, valeur sacro-sainte jusqu’à présent. “Je crois que dans les cultures d’entreprise, on va de plus en plus se demander, ‘Jusqu’à quelle taille faut-il grandir? À quel moment de cette croissance perd-on le contrôle de notre création et de ses conséquences?’”
5. Les GAFA bientôt taxés et régulés
Les autorités vont profiter du mouvement de l’opinion publique pour imposer au secteur de nouvelles taxes et règles de conduite. Aux États-Unis, cela se fait souvent au niveau local, comme à Seattle et à San Francisco, qui font des émules ailleurs. Le gouvernement britannique prévoit lui la mise en place d’une “taxe numérique”, s’élevant à 2% du chiffre d’affaires qu’elles réalisent au Royaume-Uni (du chiffre d’affaires et non des profits, plus facilement délocalisés en Irlande ou au Pays-Bas.) La France pourrait suivre en 2019, faisant fi du consensus si l’Union européenne ne s’accorde pas sur une législation commune, comme annoncé par Bruno Le Maire. Inde, Corée du Sud, Mexique ou Chili... tous travaillent sur des mesures similaires, mettant ainsi la pression sur l’OCDE pour qu’elle progresse sur la réforme annoncée de la fiscalité mondiale. “Maintenant que le RGPD est en place, les gouvernements européens sont susceptibles de se tourner aussi vers des mesures antitrust”, prédit la chercheuse britannique Emily Taylor, directrice d’Oxford Information Labs. “Les lois sur la concurrence et la régulation vont de nouveau servir à lutter contre une concentration excessive du pouvoir et les distorsions du marché”, déclare-t-elle. Les États-Unis ont jusqu’ici évité la question, pour ne pas étouffer leurs propres entreprises innovantes. Mais l’Europe compte moins de géants et a donc une plus grande liberté d’action.
6. La nouvelle mouture de l’assurance chômage entre en vigueur
À partir du 1er janvier 2019, vous aurez le droit de toucher le chômage après une démission. Il faudra pour cela justifier de 5 ans d'ancienneté et d'un projet de reconversion professionnelle, de création ou de reprise d'entreprise. Les travailleurs indépendants auront le droit de bénéficier d’un revenu de remplacement en cas de cessation d’activité, suite à une liquidation ou un redressement judiciaire. Autre nouveauté en janvier: votre compte personnel de formation ne sera plus alimenté en heures, mais en euros. Vous pourrez ainsi cumuler jusqu'à 5.000 euros au bout de 10 ans, et jusqu'à 8.000 euros si vous n'êtes pas diplômé. Pour les autres changements, il faudra attendre le 15 janvier et la fin des négociations entre les partenaires sociaux. Objectif: économiser de 3 à 4 milliards d’euros. Parmi les mesures envisagées: des pénalités pour les entreprises qui abusent des CDD. Pas vraiment du goût du président du Medef: "Le bonus-malus imaginé par le gouvernement va détruire des CDD et des emplois intérim sans pour autant créer de CDI", a prévenu Geoffroy Roux de Bézieux.
7. Moins de nucléaire, plus d’énergies renouvelables… et une facture qui va flamber
La France s'est fixé l’objectif de ramener à 50% la part du nucléaire dans la production d’électricité et de fermer 14 réacteurs sur 58 d’ici 2035. Le démantèlement de l’une des plus vieilles centrales de France, Fessenheim (Haut-Rhin), débutera dès 2019 pour une fermeture prévue d’ici 2020. Pour développer les énergies renouvelables, l’État a alloué 7 milliards de son budget en 2019. Insuffisant, selon Flavien Valetto, expert du cabinet Xerfi, qui table sur plus de 38 milliards d’euros pour financer la transition énergétique. Parmi les projets novateurs qui verront le jour en 2019: la première centrale solaire flottante de France à Piolenc (Vaucluse). Les tarifs de l’électricité, en revanche, vont flamber: 1,47 milliard d’euros de surcoût pour la seule année 2019, selon le Comité de liaison des entreprises consommatrices d’électricité. Soit au moins 8 à 10% de hausse pour le consommateur.
8. La santé toujours plus connectée et même à distance
En avril 2019, le dossier médical personnalisé deviendra votre carnet de santé numérique. Gratuit, confidentiel et sécurisé, il centralisera toutes vos informations médicales (résultats d’analyses, allergies, traitements en cours, etc.). Vous pourrez y ajouter des consignes pour votre fin de vie dès avril, et en 2020, il intégrera le calendrier vaccinal. Envie de créer le vôtre? C’est par ici ou via l’appli DPM sur mobile. Autre nouveauté désormais remboursée par l’Assurance maladie: la téléconsultation (500.000 actes prévus en 2019, 1,3 million en 2021). De quoi aiguiser l’appétit des startups. En janvier, le site Doctolib permettra ainsi de réserver son e-consultation auprès de 60.000 médecins en France. “Nous serons alors la première plateforme européenne de e-santé en Europe”, s’enthousiasme Stanislas Niox-Chateau, son président. La start-up H4D, elle, a créé une cabine de consultation à distance, notamment pour “lutter contre les déserts médicaux”. Le patient est guidé à distance par son médecin, pour faire lui-même ses examens. Le marché des téléconsultations devrait atteindre 2,2 milliards d’euros en 2020.
9. Enfin l’égalité de salaire entre les hommes-femmes? Gare aux mauvais élèves!
La loi sur l’avenir professionnel, initiée par la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, impose aux employeurs une obligation de résultats, et non plus seulement de moyens. À partir du 1er mars 2019, toutes les entreprises de plus de 250 salariés devront donc publier leur note globale en matière d’égalité salariale, comme cela a déjà été fait avec grand fracas au Royaume-Uni cette année. Celles de plus de 50 salariés leur emboîteront le pas dès 2020. Cet index basé sur 100 points sera calculé via les logiciels de paie et prendra en compte cinq critères (dont l’égalité de salaire à poste égal ou les promotions). Les mauvais élèves auront 3 ans pour se mettre en conformité. À défaut, ils risquent une pénalité financière allant jusqu’à 1% de leur masse salariale. Rappelons qu’en France, les femmes gagnent en moyenne 25% de moins que les hommes tous postes confondus, et 9% de moins à poste égal. Les contrôles de l'inspection du travail sur l'égalité seront aussi renforcés, de 1.730 à 7.000 par an dès 2019.
10. Exit la génération Y, place à la génération Z!
En 2019, la génération Z deviendra la plus nombreuse de la planète, dépassant cette génération Y que l’on a tant aimé détester. Les personnes nées après 2001 (la définition varie selon les instituts de recherche) représenteront un tiers de l’humanité et déjà un cinquième de la population active. Comment l'arrivée de cette nouvelle génération s’annonce-t-elle ? Méfions-nous des généralisations bien sûr, préconise Brené Brown, chercheuse en sciences humaines à l'université de Houston aux États-Unis, dont la moitié de l’équipe est dans cette tranche d’âge. “D’après mon expérience, ils s’investissent et ils s’investissent beaucoup”, s’enthousiasme-t-elle. “Ils sont tous très différents, mais ils ont en commun la curiosité, l’espoir, l’envie de continuer à apprendre, une conscience aiguë de la souffrance dans le monde et l’envie d’y remédier.”
11. L’économie mondiale va ralentir
Bien qu’ils soient divisés sur le calendrier exact, les économistes en sont convaincus : une récession nous attend. “On assiste à une convergence de profondes turbulences structurelles menaçant de renverser l’économie”, alerte l’économiste américaine Dambisa Moyo — croissance des inégalités, rapides changements technologiques, main-d’œuvre mal adaptée, instabilité politique et le fardeau de la dette pesant sur les États autant que les entreprises et les ménages. “Les États-Unis, chef de file historique de l’économie mondiale, vont probablement connaître un ralentissement cette année”, ajoute Jill Schlesinger, journaliste économique chez CBS News. Pour la Chine et l’Europe, c’est déjà le cas. “Il est très probable que la croissance mondiale ralentisse en 2019 et qu’en 2020 se dessine une récession”, prédit-elle. Là où elles le peuvent, les entreprises vont s’en prémunir en allégeant leur masse salariale dès aujourd’hui. Aux États-Unis déjà, General Motors a annoncé 14.000 licenciements. Verizon prévoit 44.000 départs volontaires. Ce n’est que le début, prévient l’économiste Danielle DiMartino Booth: “Les entreprises prennent des mesures inhabituelles, car elles ont conscience que cette période de croissance économique dure déjà depuis longtemps et elles savent bien ce qui va lui succéder”.
12. Place à une nouvelle réforme des retraites
Après la consultation citoyenne en 2018, place aux décisions en 2019! Un dossier brûlant pour le gouvernement, qui se passe rarement sans heurts. Objectif: finaliser les textes d’ici l’été 2019 pour un vote du texte au Parlement fin 2019. Parmi les réformes proposées: les règles de calcul des pensions de retraite, actuellement basées sur le salaire annuel moyen perçu par un salarié au cours de sa carrière. L’idée serait de passer à un système de retraite par points acquis au long de sa carrière, comme pour le régime complémentaire Agirc-Arcco. Autre ambition: en finir avec les 42 régimes différents existants pour n’en faire plus qu’un avec les mêmes règles de calculs pour tous (public et privé, régimes spéciaux...). Il s’agit là d’un sujet épineux sur lequel tous les gouvernements ont achoppé jusqu’à présent. Pas question, en revanche, de toucher à l’âge légal fixé aujourd’hui à 62 ans.
13. Le design inclusif se démocratise
Avant, on dessinait un objet, une technologie, un bâtiment et on se préoccupait ensuite de le rendre accessible aux personnes en situation de handicap, si vraiment nécessaire. Mais grâce à une vraie prise de conscience des professionnels du secteur et aux avancées de l’intelligence artificielle, le design inclusif devient plus systématique, se réjouit Satya Nadella, DG de Microsoft (ndlr: maison-mère de LinkedIn). “Auparavant, nous parlions de technologies d’assistance, et cela prenait la forme d’une check-list à vérifier après la création du produit”, explique-t-il. “Il s’agit désormais d’aborder cette question bien plus tôt dans le processus de conception. Et si nous décidions dès le départ que des personnes avec différents handicaps doivent pouvoir participer pleinement ? En nous en donnant les moyens dès la phase de conception.” Preuve à l’appui dans son entreprise: une IA par défaut dans le logiciel OneNote qui aident les dyslexiques à lire ou la manette de jeu Xbox Adaptive, dont même l’emballage est conçu pour les personnes à mobilité réduite, et sans que le patron n’ait eu à le demander à ses équipes.
14. Internet devance la télévision
Les courbes devraient se croiser durant l’année 2019 : en moyenne mondiale nous passerons chaque jour plus de temps sur Internet que devant la télévision, selon les études du cabinet Zenith. “Si vous êtes pessimiste, vous direz que les gens délaissent la télévision”, explique Bob Bakish, PDG de Viacom, le groupe média américain propriétaire de Paramount, MTV, Comedy Central... Lui préfère rester optimiste : “Nous consommons plus de contenu aujourd’hui qu’à n’importe quel autre moment de notre histoire.” Pour Viacom, cela s’est traduit par une expansion de son IP sur de nombreuses plateformes, comme la renaissance de la téléréalité des années 90, The Real World, sur Facebook ou la création de programmes pour des plateformes de streaming tierces comme Netflix. “Nous travaillons avec des partenaires qui n’existaient pas il y a dix ans et qui se sont lancés dans les médias il y a cinq ans”, explique-t-il. “C’est l’année d’une économie mixte et d’un écosystème mixte. Un avant-goût de l’avenir.” En France, les géants de l’audiovisuel sont plutôt dans une logique d’affrontement face à Netflix, Amazon Prime et les autres, et se serrent les coudes: France Télévisions, TF1 et M6 promettent courant 2019 le lancement de Salto, une plateforme concurrente regroupant tous leurs contenus.
15. Les bureaux se vident
Galère dans les transports, coût des carburants, impératifs écologiques, hausse des loyers, vie de famille… le télétravail semble LA solution à tous ces maux. Face à deux offres d’emploi, plus de deux tiers des cadres français disent qu’ils choisiraient celle qui leur permet de travailler à distance. En cette fin d’année, la région Île-de-France s’est associée à une quinzaine d’employeurs du secteur de la Défense pour les encourager à plus de souplesse avec leurs collaborateurs et à utiliser le télétravail. Près de 50.000 travailleurs pourraient en bénéficier. Vivrons-nous un jour sans bureau? “Depuis quelques années, le concept même de bureau a été ébranlé par les effets désastreux des espaces de travail ouverts, où les employés se cachent sous leurs écouteurs et ne communiquent plus que par messages,” remarque Glenn Kelman. La technologie permet de s’en passer, mais “nous risquons néanmoins d’y perdre la machine à café, qui, avec les bancs de l’église et le parvis des écoles, était l’un des lieux qui créait le lien social”, prévient-il. Où irons-nous pour nous rencontrer au-delà de nos tribus choisies et nous confronter à d’autres modes de vie?
16. Uber et Lyft lancent la course à l’entrée en bourse
Les sociétés de course à la demande Lyft et Uber viennent de déposer, le même jour, leurs documents d’introduction en bourse, prévue pour début 2019. Uber pourrait être la plus grosse entrée en bourse au monde depuis Alibaba en 2014 et cette année, celle de tous les records pour les introductions en bourse des entreprises de la tech, avec des produits totaux estimés à plus de 100 milliards de dollars. “Uber, Lyft, Palantir, Slack, ou encore Airbnb pourraient toutes faire le grand saut en 2019. Le secteur des technologies venant de traverser quelques difficultés en bourse, les dirigeants et leurs banquiers pèsent soigneusement le pour et le contre,” explique Jill Schlesinger, de CBS News. Malgré l’incertitude du marché, ces entreprises pourraient tout de même franchir le pas cette année pour agir avant un probable ralentissement économique et le cycle électoral de 2020.
17. Environnement: citoyens et entreprises n’attendent pas
À coup de réformes et de conférences, les gouvernements tentent de désamorcer la crise écologique. Mais ces mesures sont jugées inégalitaires par certains, mauvaises pour les affaires par d’autres. Résultat: l’écologie n’avance qu’à “petit pas”, comme l’avait dénoncé Nicolas Hulot lors de sa démission du ministère de la Transition écologique. Face à cela, les changements viennent de plus en plus “par le bas”, estime Hamid Bouchiki, professeur à l’Essec. Déjà amorcé, ce mouvement a tout pour décoller en 2019 et devenir un “mouvement social planétaire”. “Des millions de citoyens et des milliers d’entrepreneurs agissent aux quatre coins de la planète”, analyse-t-il. Connu pour son tour du monde en avion solaire, l'explorateur et fondateur de Solar Impulse, Bertrand Piccard, a pour ambition de promouvoir 1.000 solutions concrètes pour la planète et ainsi, tordre le cou aux visions pessimistes. “Certes, tout le monde ne peut pas passer à la voiture électrique du jour au lendemain, concède-t-il, mais par exemple, un boîtier Antismog, installé pour quelques centaines d’euros, peut réduire la consommation de carburant d’un moteur thermique de 20% pour un coût amorti en quelques mois”. “Aujourd’hui la moitié de l’énergie utilisée est gaspillée, parce que l’on a des systèmes inefficaces”, rappelle-t-il.
18. Automatisation du travail: attention, mesdames !
Les avancées rapides de l’intelligence artificielle transforment le monde du travail. Si les hommes sont évidemment aussi touchés et si certaines professions plus féminisées, comme les soins aux personnes, ont un bel avenir, “cette tendance à l’automatisation est particulièrement inquiétante pour les femmes, car ces dernières occupent plus de postes impliquant des tâches répétitives que les hommes, tous secteurs et rôles confondus. Leurs emplois sont donc plus susceptibles d’être automatisés,” prévient Christine Lagarde, directrice du Fonds Monétaire International. Une étude du FMI estime que les emplois de 26 millions de femmes dans 30 pays sont exposés à un risque élevé de remplacement par la technologie dans les 20 prochaines années. “À l’échelle mondiale, ce sont les emplois de 180 millions de femmes qui pourraient être touchés! Le temps est compté: 2019 est donc une année cruciale pour réaliser des avancées majeures dans ce domaine,” insiste-t-elle. Formation, éducation aux sciences, promotion des femmes dans les postes à responsabilité, garantie de l’équilibre avec la vie familiale, réduction de la fracture numérique, accès aux financements… Pour Christine Lagarde, “2019 est l’année où des actions concrètes doivent être entreprises pour réduire les inégalités hommes-femmes”.
19. Ce qui compte au travail, c’est votre humanité.
Lorsque les machines auront pris tous nos emplois, que restera-t-il aux humains? Leur humanité, précisément. La créativité et les compétences dites interpersonnelles deviennent d’une importance cruciale pour votre carrière, car elles ne peuvent être automatisées. Une étude LinkedIn aux États-Unis montre que c’est dans ce domaine que le fossé se creuse le plus rapidement entre les besoins des employeurs et les compétences des travailleurs – communication orale d’abord, puis management, gestion du temps ou leadership. Les employeurs qui profitent au mieux de ces compétences sont ceux qui gèrent leurs employés comme des personnes à part entière et non comme des exécutants, explique Susan Cain, auteure de La force des discrets. Elle devine cette tendance dans les demandes qu’elle reçoit pour animer des ateliers dans les entreprises: auparavant, il ne s’agissait que d’améliorer la productivité, mais on lui demande maintenant d’intervenir sur l’éducation des enfants, les conflits conjugaux ou la gestion des émotions négatives. “Je vois de plus en plus d’employeurs souhaitant simplifier la vie de leurs salariés à tous points de vue”, déclare Susan Cain. “Je ne veux pas dire par là qu’ils souhaitent jouer les Big Brothers, mais qu’ils souhaitent soutenir leurs salariés et non pas juste avoir avec eux un simple lien de subordination”.
20. La finance française, grande gagnante du Brexit?
HSBC, JP Morgan Chase ou encore Wells Fargo auraient l’intention d'emboîter le pas à Bank of America et Citigroup en s’installant à Paris. Objectif: conserver leur "passeport financier", le sésame qui leur permettra, une fois le Brexit acté (en théorie) le 29 mars prochain, de continuer à vendre leurs services sur l’ensemble du territoire européen, un marché évalué à 19.000 milliards de dollars. Face à Francfort et au Luxembourg, Paris dispose de sérieux atouts pour attirer les quelque 5.000 banquiers londoniens sur le départ (qualité de vie, employés hautement qualifiés…). La cerise sur le gâteau, c’est le fameux régime des impatriés. Les salariés et dirigeants étrangers venant prendre leurs fonctions en France sont ainsi partiellement exonérés d’impôts sur le revenu. L’enjeu est considérable: 3.500 emplois directs et 20.000 emplois indirects, selon Paris Europlace, et en prime, le titre convoité de première place de trading européenne.
21. Dans la course à l’intelligence artificielle, l’Europe devra s’unir face à la Chine et aux États-Unis
Le plan “intelligence artificielle” (IA), présenté en mars par l’Élysée, devrait prendre forme en 2019. Des enveloppes seront distribuées aux chercheurs et startups du secteur: 170 millions d’euros pour des projets de recherche et doctorats, 300 millions pour les instituts interdisciplinaires de l'intelligence artificielle (3IA)… Insuffisant pour se maintenir dans la course, dominée par la Chine et les États-Unis “Les États-Unis sont en tête de la R&D, ainsi que dans les applications avancées de l’IA, comme les véhicules autonomes et la robotique”, nous confie Kai-fu Lee, l’influent ancien président de Google Chine et auteur de “AI Superpowers”. Mais pour ce qui est de la ténacité des entrepreneurs, de la masse de données disponibles et de l’avantage commercial sur le long terme, “la Chine tient la corde”, assure-t-il. Pour le PDG de Thales, la France doit s’allier avec ses voisins européens. “L’Europe ne pourra pas être première partout, analyse Patrice Caine. Mais là où elle le décidera, elle a les experts et les moyens de ses ambitions. Pour cela, il faut allier nos forces, conclure des partenariats, investir en commun, ne pas développer en parallèle la même solution, chacun dans son cadre national”. Début décembre, Bruxelles a justement dévoilé un plan de bataille, qui doit amener le secteur privé et les États à investir 20 milliards d’euros d’ici 2020 dans l’IA.
22. Internet se fragmente en bulles nationales
Éric Schmidt, ancien PDG de Google, a fait les gros titres en septembre en déclarant que le monde en ligne risquait “d’être scindé en deux, avec d’une part un Internet contrôlé par la Chine, et d’autre part un Internet dirigé par les États-Unis”. Cette fragmentation se produit également à des niveaux moins évidents, comme nous l’explique la chercheuse Emily Taylor. La mise en place du Règlement général sur la protection des données par l’Europe a entraîné des réactions excessives de la part de certaines entreprises, qui ont bloqué l’accès à leurs sites pour les visiteurs européens. Impossible, par exemple, depuis des mois de lire le Los Angeles Times, ou des centaines d’autres sites d’information américains, depuis Paris, Berlin ou Londres. D’autres juridictions emboîtent le pas à l’Europe et envisagent des lois sur la localisation des données. “Nous allons nous retrouver avec des lois nationales et régionales transversales, dont la portée s’étend au-delà des frontières et auxquelles les entreprises auront beaucoup de mal à se conformer”, alerte Emily Taylor. “Leur choix va être simple: elles vont être très sélectives dans ce qu’elles font et dans les audiences qu’elles vont chercher à cibler”.
23. Les insectes s'incrustent dans nos assiettes
Les détaillants commencent à se faire à l’idée, alors préparez-vous: Sainsbury’s au Royaume-Uni, Provigo au Canada ou Carrefour en Espagne ont tous mis des insectes en rayon cette année. Ceux-ci contiennent plus de protéines que la viande “classique” et représentent une source de nourriture respectueuse de l’environnement pour une population en constante croissance. Pour passer outre l’aspect répulsif, il est possible de les broyer sous forme de farine ultra-protéinée ou de les utiliser comme aliments pour les animaux. “Si j’avais un demi-million de dollars à investir, j’en miserais une bonne partie sur ce secteur émergeant”, déclare qu’Harrison Terry, consultant “futuriste”. “Actuellement, plus de deux milliards de personnes à travers le monde consomment des insectes régulièrement comme source de protéines. Pourtant, ce secteur n’est estimé qu’à 406 millions de dollars. Il ne manque plus que l’apparition d’un produit star pour qu’on assiste à la naissance d’un marché de plusieurs milliards de dollars.” Le co-fondateur de la start-up française Jimini's, Clément Scellier, y croit et compte bien se tailler une part du gâteau.
24. Un ordre mondial égoïste… donc chaotique
Les institutions qui ont permis de garantir l’ordre mondial depuis la Seconde Guerre mondiale (Nations unies, OTAN, G20, etc.) s’effritent, constate le général Stanley McChrystal, ancien commandant des forces américaines en Afghanistan. “La difficulté est que nous vivons désormais dans un monde ‘moi d’abord’, un égoïsme autant de la part des nations que des dirigeants ou des entreprises,” explique-t-il. Les dirigeants doivent prendre du recul et prendre en compte les interdépendances de chacun, dit-il. À trop jouer chacun pour soi, “on risque souvent de détruire l’écosystème dont nous dépendons tous.” De ce désordre mondial, ce sont les pays pauvres qui souffrent le plus, rappelle Ian Bremmer. Alors que les pays favorisés ferment leurs frontières, les migrants déferlent dans les pays en développement, plus perméables. Ces pays abritent déjà 85% des réfugiés dans le monde. “Les pays en situation de faiblesse, n’ayant pas les moyens ou la possibilité de faire régner l’ordre, sont souvent frontaliers des pays en crise d’où proviennent les réfugiés”, explique-t-il. En Afrique, 3% de la population de l’Ouganda est composée de réfugiés, originaires du Soudan du Sud et de la République démocratique du Congo. Des millions de Vénézuéliens ont déjà quitté leur pays pour se retrouver en Colombie, au Brésil, au Chili, en Équateur ou au Pérou. L’ampleur de cette crise est équivalente à celle de la crise syrienne, et les opinions publiques en Amérique latine, initialement accueillantes, se crispent.
25. Au bureau, vous travaillerez avec un assistant… virtuel
38% des entreprises françaises utilisent déjà ces programmes pour répondre à des demandes simples. Exemple avec “Louis”, développé par Air France pour les questions relatives aux bagages. Ou “Aria”, mis en place par la Caisse nationale d’assurance vieillesse pour les retraités. Bientôt ils répondront aux problématiques RH des salariés. Chez PSA par exemple, “Éva” répond aux questions relatives aux jours de congés ou aux notes de frais. Une start-up française vient de lancer “Slash”, un assistant qui gère votre calendrier. Ces assistants vont de plus en plus vous épauler dans votre coeur de métier. Le Crédit Mutuel CM11 (est et sud de la France) a ainsi mis à disposition de ses 20.000 conseillers la technologie Watson d’IBM. Le but: répondre à leurs questions sur des produits techniques, comme l’assurance et l’épargne, et leur permettre de passer plus de temps à conseiller leurs clients. Bilan: 90% des banquiers se déclarent satisfaits de leur robot.
26. La neurodiversité mieux prise en compte dans l'entreprise
Le concept de neurodiversité au travail fait référence à l’intégration de personnes présentant des capacités et schémas cognitifs très variés, par exemple des individus atteints de déficit de l’attention, de dyslexie ou d’autisme. L’apparition de la neurodiversité dans les entreprises est la suite logique de l’évolution culturelle et scientifique ayant eu lieu dans les années 90 : des situations auparavant considérées comme des pathologies à traiter sont maintenant vues comme des différences à accueillir. “Toute une génération de personnes ayant bénéficié de diagnostics bien plus précis arrive actuellement sur le marché du travail”, déclare Ed Thompson, fondateur d’Uptimize, une organisation aidant les employeurs britanniques à attirer, recruter et fidéliser les talents neurodivergents. La “guerre des talents” d’après lui pousse aussi les recruteurs à élargir leur champ de recherche. Tout cela fait de la neurodiversité un nouvel élément des politiques d'inclusivité de l'entreprise, au même titre que les diversités de genre ou d’origine.
27. Pour les marques, impossible de rester neutre
Dans un monde ultra-politisé, clients et employés attendent plus des entreprises qu’un produit ou un travail. Ils veulent des valeurs dans lesquels ils peuvent se reconnaître et attendent des entreprises qu’elles prennent position sur les problèmes de notre temps, explique Ross Martin, fondateur et dirigeant de l’agence de marketing Blackbird à New York. Sinon, ces professionnels montent au front tout seul, ajoute-t-il. Dans le cas du contrôle des armes aux États-Unis, par exemple, ce sont des cadres excédés par les fusillades qui ont fait bouger leurs entreprises pour arrêter la vente d’armes automatiques, alors que politiques et dirigeants restaient immobiles, raconte-t-il. On a aussi vu des employés de Google ou d’Amazon forcer leur entreprise à renoncer à des contrats les obligeant à collaborer avec les autorités de Pékin ou les contrôleurs de l’immigration américains. Les cadres de la tech, sûrs de leur emploi, s’élèvent en objecteurs de conscience dans l’entreprise, note-t-il. “En tant qu’entreprise ou dirigeant, vous êtes obligé de vous engager pour une cause, sinon tout le monde saura que vous ne défendez rien”, prévient Ross Martin. “Vous ne serez pas détesté, vous serez oublié. Et vos employés ne voudront plus travailler pour vous, car vous n’aurez pas agi quand il le fallait.”
28. Chine et Afrique lient leurs destins, mais gare aux réactions des citoyens
L’intensification des investissements et de la présence chinoise en Afrique ces dernières années est indéniable: Xi Jinping vient d’annoncer 60 milliards de dollars de nouveaux investissements chinois sur le continent, trois ans après un engagement similaire. “Les pays africains sont maintenant pleinement conscients de leur énorme retard au niveau des infrastructures”, qui est de l’ordre de 70 à 120 milliards de dollars par an, explique Stephen Yeboah, le fondateur ghanéen de Commodity Monitor. Ils ont donc accueilli les investissements chinois avec bienveillance, explique-t-il. La Chine, quant à elle, a besoin de terres arables pour nourrir sa population et de matières premières (cobalt de la RDC, cuivre de Zambie, bauxite du Ghana) pour nourrir son industrie. En 2019, les citoyens africains suivront de près ces accords et exigeront des conditions plus équitables, ainsi que des infrastructures de qualité, prévient Stephen Yeboah. Les prêts accordés à la Zambie ont été tellement mal gérés que cet État ne sait même pas à combien s’élève sa dette! Des pays comme le Rwanda ou le Ghana ont su bien mieux négocier. “En définitive, chaque pays est souverain”, rappelle-t-il. “C’est aux chefs d’État africains de décider s’ils laissent les Chinois mener la danse”.
29. Adieu bitcoin, bonjour cryptomonnaies État
En un an, le cours de la plus célèbre des cryptomonnaies a été divisé par 5. En cause? Un désintérêt massif des investisseurs pour cet actif de plus en plus risqué, sur fond de rivalités au sein de la communauté. Résultat: le nombre de bitcoins mis en circulation a sérieusement ralenti, ce qui pourrait permettre à la monnaie de reprendre quelques couleurs en début d’année. Ne vous méprenez pas, les déboires du bitcoin ne signifient pas la fin des cryptomonnaies et encore moins de la blockchain. 2019 pourrait marquer le début d’une compétition féroce entre les pays pour devenir leader sur cette technologie. "Dans 10, 20 ou 30 ans, qui échangera encore des morceaux de papier?", interrogeait ainsi Christine Lagarde lors du Singapore FinTech Festival. Certaines banques centrales l’ont bien compris (Canada, Uruguay, Suède…) et commencent à plancher sur l'émission de monnaies numériques garanties par État
30. Dans le commerce, l’union fait la force
Partout, c’est la même histoire: de célèbres grands magasins américains aux centres-villes français, les commerçants souffrent de la concurrence des acteurs en ligne, qui disposent de moyens autrement plus conséquents. “Jamais la concurrence n’a été aussi rude”, reconnaît l’entrepreneure Naomi Simson, PDG de Big Red Group à Sydney en Australie, où Amazon a effectué son lancement en grande pompe il y a tout juste un an. Les acteurs plus modestes commencent toutefois à se relever, en s’associant pour faire face à ces géants, ajoute-t-elle. “Cela peut se faire via des groupements d’achats, des places de marché, des associations, des mouvements incitant à ‘acheter local’… Il y aura également des opérations de fusion-acquisition”, prédit-elle. “Les mentalités ont changé. Auparavant, les chefs d’entreprise pensaient que le magasin d’à côté leur faisait de la concurrence. Ils savent maintenant que l’union fait la force.”
Avec la collaboration de Tiffany Blandin, Sandrine Chauvin et Mehdi Ramdani.
Et Maguy Dubousquet. En tant que rédactrice-correctrice, j’ai repéré quelques coquilles dont : perd-t-on au lieu de perd-on. Les erreurs sont corrigées.
Comme quoi quel que soit le document, aussi excellent soit-il, il est toujours important de le faire relire par un correcteur expérimenté.
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